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Les réfugiés syriens : des invités indésirables
المصدر: النهار - Serena Rassam
Les réfugiés syriens : des invités indésirables
Plus de 2 millions de syriens sont réfugiés au Liban
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Lorsqu’on se penche sur la question, on pourrait croire qu’il s’agit encore une fois du besoin inavoué et insatiable du peuple libanais à la querelle. Pourtant, il n’en est rien. L’instabilité politique et la crise économique sévère, couplés à un climat funeste d’insécurité, créent un terreau favorable à la résurgence du débat autour des réfugiés syriens au premier rang des préoccupations nationales. Le sujet s’enlise, tantôt hissé à la une de l’actualité, tantôt mis à l’écart au profit d’autres affaires, certains voient les syriens comme boucs émissaires de la crise libanaise tandis que d’autres les accusent de mettre le pays à mal, mais dans les faits, leur présence sur le territoire est belligène, et pèse sur le Liban à tous les niveaux.
D’abord, leur nombre. Plus de 2 millions de syriens sont réfugiés au Liban. Pour une population de 5 millions d’habitants, le fardeau est un peu trop lourd, et serait, à mes yeux, un impérieux coup de feu à blanc. Charges sécuritaires, économiques, sociales, sanitaires, les libanais payent un lourd tribut dû à leur présence, et ce, depuis plus de dix ans. Mais ce n’est visiblement pas l’avis d’une certaine partie du peuple qui, en passant de la compassion à la complaisance, s’oppose au refoulement des déplacés syriens, au nom de slogans humanitaires, en omettant le fait que le Liban lui-même a cruellement besoin d’une aide humanitaire significative. Dès lors, force est de constater le ridicule de la situation : un peuple qui sombre dans la misère doit adoucir la misère d’un autre. Le Liban est un foyer de tensions, un abri pour des corrompus, un « État » paralysé, infesté de factions qui se partagent les ressources du pays. Il est alors absurde de considérer le Liban comme un refuge. Il ploie déjà sous le joug de l’annihilation de l’autorité de l’état, l’inefficacité de ses institutions, la désunion profonde et désolante de la classe politique, poids auxquels se greffe la décadence morale et l’éradication de la culture citoyenne. Certes, la guerre en Syrie a fait rage depuis 2011, et les libanais devaient faire preuve d’hospitalité, et surtout de fidélité envers le traité de fraternité qui lie les deux pays depuis 1991, et faire de la place pour leurs voisins, mais cette situation était censée être provisoire. La guerre s’est terminée, et les réfugiés demeurent. Sous prétexte qu’ils seront en danger s’ils retournent en Syrie, ils campent, littéralement, sur leur position, et tirent profit de leur séjour prolongé parmi nous, chose doublement absurde parce qu’ils ont, pour la majorité d’entre eux, voté pour Bachar el- Assad. Ils sont donc des réfugiés économiques, dans un pays où l’économie est sinistrée. J’aurais pu m’arrêter là, mais il m’est inconcevable d’ignorer dans ce contexte, la résolution 1559, mesure adoptée par le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies le 2 septembre 2004, qui vise au respect de la souveraineté au Liban et au retrait des troupes étrangères, syrienne en particulier. Le pays du Cèdre s’est évertué à mettre fin à l’occupation syrienne qui avait duré trois décennies, et qui lui avait coûté cher, pour se retrouver, quelques années plus tard, abritant en masse des déplacés syriens…
Outre le bouleversement démographique qui menace le tissu social libanais induit par leur présence, la paix civile est mise en péril à cause d’eux. Et l’histoire plaide en faveur de cet argument. La présence de réfugiés palestiniens était en partie la cause de l’éclatement de la guerre civile en 1975. Notons également que jusqu’à ce jour, les camps de réfugiés palestiniens essaiment sur notre territoire et que les politiciens repoussent ce dossier aux calendes grecques. C’est sans doute le sort de la discussion sur les déplacés syriens. Je vous laisse imaginer le potentiel scénario qui en découlerait à l’avenir…
Il importe de noter que la présence des réfugiés syriens sur le sol libanais est loin d’être le seul problème qui ensanglante notre pays et le peuple en est conscient. Ceci étant dit, la résurgence sporadique de la discussion est avancée sur fond de crises multidimensionnelles. Quand un état est gangréné par une corruption intense, par un immobilisme politique, une aggravation du confessionalisme et une paupérisation, quand il a le statut d’état tampon, prévenant les conflits entre les plus grands rivaux de la région, alors qu’il est lui-même écartelé par les querelles internes, il ne peut que river son regard vers le premier fardeau dont il peut se délester et plaider pour le retour des réfugiés syriens dans leur pays.
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