L'intelligence artificielle (IA) marque une transformation technologique sans précédent, avec le potentiel de booster la productivité et la croissance à une échelle globale. Cet enjeu majeur a été l'un des quatre thèmes centraux abordés lors du Forum de Davos 2024. "As a technology, I think it is going to be transformative. I think it's going to change our world as much as the internet has - and maybe even the printing press" a déclaré Leo Varadkar, le premier ministre irlandais. Toutefois, elle présente également d'importants défis, notamment le risque de perte d'emplois et l'accroissement des inégalités. Le Fonds Monétaire International (FMI) estime que jusqu'à 40% des emplois mondiaux pourraient être impactés par l'IA, avec des conséquences plus significatives dans les pays développés où jusqu'à 60% des postes pourraient être affectés. En revanche, les pays moins développés pourraient voir les inégalités s'accentuer du fait de leur moindre accès à la technologie et aux compétences numériques.
L'impact de l'IA sur le travail a des bons et des mauvais côtés. D'après l'article de Salima Benhamou, experte et économiste au département Travail, Emploi, Compétences de France Stratégie, "Quels impacts de l’intelligence artificielle sur l’avenir du travail ?", l'IA pourrait transformer significativement certains secteurs. Par exemple, dans les transports, les véhicules autonomes pourraient optimiser la logistique et modifier le rôle des chauffeurs, réduisant le besoin pour les longs trajets tout en augmentant la demande pour les courts trajets. Dans le secteur bancaire, l'IA pourrait diminuer le nombre de conseillers clients tout en complexifiant les tâches restantes. En matière de ressources humaines, si l'IA est capable d'automatiser certaines fonctions simples, les tâches plus complexes nécessiteront toujours l'intervention humaine, impliquant une évolution des compétences requises. Dans le domaine de la santé, l'IA promet d'apporter de considérables avancées, depuis le diagnostic jusqu'à l'exécution de certains actes médicaux, ce qui pourrait entraîner une spécialisation accrue des professions médicales et transformer l'organisation du travail, avec des implications variées selon les qualifications et conditions de travail.
En France, des mesures législatives ont été mises en place pour aider les entreprises et les salariés à s'adapter aux changements induits par l'IA. La Gestion Prévisionnelle de l'Emploi et des Compétences (GPEC) est identifiée comme un outil juridique primordial. Elle vise à anticiper les évolutions des postes et des compétences nécessaires à l'ère de l'IA, préparant activement les travailleurs à affronter les défis futurs et mettant en valeur leur apport unique face aux avancées technologiques. La législation actuelle soutient cette approche proactive, en particulier à travers l'article L. 6321-1 du Code du travail qui prévoit que l'employeur doit assurer l'adaptation des employés à leur poste et veiller au maintien de leur capacité à exercer un emploi, en tenant compte de l'évolution des emplois, des technologies et des organisations. De plus, l'article L. 2312-24 du Code du travail souligne le rôle consultatif crucial du Comité Social et Économique (CSE) dans les discussions sur les orientations stratégiques de l'entreprise et leur impact sur l'emploi et la formation professionnelle. Ces dispositions légales fournissent un cadre solide pour accompagner les transitions professionnelles.
Dans ce contexte, il devient essentiel pour le Liban de mettre en place une législation dédiée et d'assurer un contrôle législatif approprié face à l'avènement de l'IA. Cette démarche est fondamentale pour gérer de manière efficace les changements professionnels provoqués par les avancées technologiques, pour réussir l'adaptation des compétences et pour réduire le risque d'aggravation des inégalités, garantissant ainsi que les avantages de l'IA bénéficient à l'ensemble de la société tout en minimisant ses impacts négatifs.