النهار

Le président français Emmanuel Macron a estimé que les événementsrécents montrent que l'avenir de la Syrie nécessite bien plus qu'unenormalisation avec le président syrien Bachar al-Assad. Il a souligné qu'Assadne peut pas être un agent de l'Iran tout en agissant contre la sécuritéd'Israël et la stabilité du Liban.

Vous allez en visite d’état en Arabie qu’attendez-vous de cette visitesur le plan bilatéral ayant reçu tout récemment une délégation d’hommesd’affaires saoudiens et le ministre des investissements et le directeurd’Aramco?

Ce sera ma troisième visite en Arabie saoudite. Le Premier ministre etPrince héritier est lui aussi venu souvent à Paris et nous sommes en contactrégulier. Cette visite d’Etat revêt toutefois une importante particulière carelle acte un rehaussement de nos relations au niveau d’un partenariatstratégique. Elle intervient dans un moment particulier, au regard de latransformation rapide, d’ouverture et de diversification économique engagéerésolument par l’Arabie. Ce sera pour la France l’occasion de témoigner denotre soutien à la VISION 2030 et aux grands projets saoudiens ainsi qu’auxévénements internationaux que Riyad accueillera, grâce à l’expertise acquisependant les JOP2024, ou encore à l’ambition culturelle et touristique quedémontre le Royaume.

Je me rendrai aussi à Al-Ula qui constitue le joyau de notre coopérationculturelle. Cette visite intervient ensuite à un moment critique au planinternational, alors que les crises se multiplient, notamment dansl’environnement proche de l’Arabie, et que l’incertitude pèse lourdement sur lesystème international. Ce sera donc l’occasion de prendre ensemble desinitiatives en faveur de la paix, de la sécurité, comme de la prospéritéinternationale. Nos deux pays ont un rôle important en la matière et peuventégalement renforcer les liens entre cette partie du monde et l’Europe, comme lerécent sommet UE-CCEAG en a marqué l’ambition.

L’Arabie saoudite a un poids important dans la région qu’attendez-vousde l’implication du royaume au Liban et dans la région ? Dans le cas où il y aun cessez le feu quel rôle vous et l’Arabie penser jouer au Liban et à Gaza?

Le renforcement notre dialogue politique est un de nos objectifs. LaFrance et l’Arabie saoudite partagent un même attachement à la sécurité et à lastabilité régionales et une volonté d’œuvrer conjointement à trouver dessolutions politiques durables aux crises. Ce sera au cœur de nos discussionsavec le Prince héritier. Nos efforts pour parvenir à la désescalade dans lesconflits régionaux se rejoignent très largement concernant le Liban, Gaza, leYémen, et le Soudan notamment. 

Avec l’Arabie, nous partageons la conviction qu’il faut un cessez-le-feuà Gaza qui permette de libérer les otages, dont nos deux compatriotes, protégerenfin les Gazaouis qui sont placés dans une situation de détresse inacceptable,et apporter une aide humanitaire massive. Ce cessez-le-feu, nous le demandonsdepuis novembre et nous l’avons trop attendu. Il faut qu’il arrive maintenantet qu’il soit permanent et puisse rouvrir la perspective d’une mise en œuvre dela solution à deux Etats. Je salue le travail qui a été fait par l’Arabiesaoudite et ses partenaires arabes pour définir la Vision Arabe de paix, quiactualise l’Initiative arabe de Paix de 2002 et trace une voie de sortie decrise. Il s’agit de travailler ensemble à un cadre crédible qui permette deconstruire un Etat palestinien et garantisse la sécurité d’Israël. Le Conseilde sécurité des Nations unies et tous ceux qui ont un rôle à jouer doiventprendre leurs responsabilités.

Nous ne cesserons pas d’agir pour que le cessez-le-feu au Liban soitdurablement respecté. Il est essentiel que les parties mettent en œuvre toutesleurs obligations, cela vaut pour le Hezbollah comme pour Israël. La communautéinternationale doit continuer de se mobiliser pour soutenir les Forces arméeslibanaises qui constituent un élément clef de cet accord et de la restaurationde la souveraineté libanaise, dans la ligne de la conférence que nous avonstenue à Paris le 24 octobre dernier.

L’Arabie saoudite contribue à la stabilité du Liban. Elle a un rôle àjouer pour une sortie de la crise politique. A ce moment crucial pour l’avenirdu Liban, il est important que nous puissions évoquer avec le Prince héritierle soutien aux FAL et à la reconstruction du pays, mais également lesperspectives politiques ouvertes par la session du Parlement libanais le 9janvier prochain, en espérant que ce soit pour élire enfin le Président dont leLiban a besoin. Tous les acteurs libanais doivent contribuer à la solution. LeHezbollah doit faciliter le consensus et permettre le rassemblement desLibanais.

Quand la France va-t-elle reconnaitre l’état palestinien ? 

Il y a urgence aujourd’hui à préserver la solution à deux Etats et lapossibilité d’un Etat palestinien face à l’accélération de la colonisation, auxmesures prises contre l’UNRWA ou aux discours annexionnistes qui sedéveloppent. Elle est aussi absolument nécessaire pour offrir aux Palestiniensl’espoir réel d’une vie meilleure dans un Etat indépendant et couper ainsitoute source de légitimité au Hamas, qui n’a que la violence et la destructioncomme perspective à offrir. Il faut offrir aux deux peuples, israélien etpalestinien, une réponse à leurs aspirations légitimes, sans quoi la région nepourra pas trouver de stabilité durable.

La reconnaissance de l’Etat de Palestine doit contribuer à accélérer lasolution des deux Etats ; la France y est prête. C’est dans cet esprit que nousavons soutenu aux Nations unies l’entrée de la Palestine comme membre à partentière. Nous avons voté toutes les résolutions de l’AGNU à ce sujet. Pour yarriver, il est essentiel que la reconnaissance se fasse dans le cadre d’unesortie durable à la crise. Avec l’Arabie, nous co-présiderons une conférencepour redonner une dynamique politique à la solution à deux Etats.

Est-ce qu’une reprise de dialogue avec Bachar permettra le retour desréfugiés syriens au Liban en Syrie et le contrôle de la frontière syrolibanaise pour empêcher le réarmement du Hezbollah par l’Iran?

Il faut aussi penser que les événements de ces derniers jours montrentbien que l’avenir de la Syrie nécessite bien davantage que la normalisationavec Bachar-al-Assad. Il faut rassembler les Syriens et leur donner del’espoir. Le dialogue avec le régime n’est pas une fin en soi. Les combats deces derniers mois ont poussé beaucoup de réfugiés, aux côtés d’un million deLibanais, sur les routes vers la Syrie, mais la question reste entière. Il fautque le régime syrien offre un environnement qui permette le retour des Syriensen sécurité et dans de bonnes conditions dans leur pays. J’en ai discuté encorerécemment avec mes homologues européens et arabes. Le HCR en parle avec lerégime syrien. Celui-ci doit leur apporter des réponses. Bachar-al-Assad ne peutpas être l’agent de l’Iran contre la sécurité d’Israël et la stabilité duLiban.

Quel rôle jouera la France pendant ce cessez le feu est ce que vouspensez que le retour des déplacés se fera aux villages du sud bombardés ? Quelrôle l’Arabie Saoudite peut jouer dans cette mise en œuvre du cessez-le-feu?

La France a toujours été aux côtés du Liban et du peuple libanais etelle l’est, une fois de plus, dans ce moment critique. L’accord decessez-le-feu fait suite à des mois d’efforts diplomatiques conjoints avec lesEtats-Unis. La France participe au mécanisme de suivi. Le 24 octobre nous avonspréparé la voie à sa mise en œuvre en tenant une conférence qui a permis dedégager 1Mds€ pour le Liban, dont 800M€ pour les déplacés et 200M€ pour lesForces armées libanaises. Il faut que cet effort se poursuive. La France ad’ores et déjà décidé de déployer des moyens supplémentaires en matière degénie et de déminage en soutien aux FAL. J’enverrai nos ministres des Affairesétrangères et des Armées très rapidement au Liban pour travailler sur tous cespoints. La reconstruction du Liban sera évidemment une autre de nos priorités.Cela nécessite un effort international soutenu.

Pensez-vous pouvoir continuer à parler avec Netanyahou malgré lareconnaissance par la France du jugement de la CPI ? La justice françaiseindépendants pourrait-elle exécuter le mandat d’arrêt?

Nous avons toujours soutenu la justice internationale. La Francerespectera ses obligations au titre du droit international, dans ce cas commedans les autres. Le pouvoir judiciaire est totalement indépendant de cesdécisions.

La France parle à tout le monde et c’est ce qui fait sa capacité à jouerun rôle dans la région. Il faut être lucide : la résolution des crisesrégionales ne se fera pas sans dialogue avec les autorités israéliennes.

Qu’attendez-vous maintenant pour l’élection d’un président du parlementlibanais ? Pensez-vous qu’une élection puisse s’organiser durant ce cessez-le-feu?  Est-ce que JYLD y travaillera avec lesLibanais?

Il faut accélérer ce processus maintenant que le cessez-le-feu est enplace. C’est pourquoi j’ai demandé à Jean-Yves Le Drian de se rendre au Libansitôt après sa conclusion. Je me réjouis que le Président du Parlement aitannoncé la tenue d’une session du Parlement le 9 janvier : il importe quecelle-ci soit conclusive et permette au Liban de sortir de sa criseinstitutionnelle. Le Liban a plus que jamais besoin d’un Président à même demener un dialogue national qui prenne en compte les intérêts de tous leslibanais, d’un gouvernement et de réformes qui redonneront confiance auxpartenaires internationaux pour participer à la reconstruction du Liban et sastabilisation.

French President Emmanuel Macron stated that recent events show thatSyria's future requires more than normalization with Syrian President Basharal-Assad. He noted that Assad cannot be an agent of Iran while acting againstthe security of Israel and the stability of Lebanon.

You are making a state visit to Saudi Arabia. What are your expectationsof this visit in bilateral terms, having recently received a Saudi businessdelegation, the Minister of Investment, and the Director of Saudi Aramco?

This will be my third visit to Saudi Arabia. The Prime Minister andCrown Prince has also visited Paris several times and we are in regularcontact. This state visit is particularly important, however, as is bringingabout an enhancement of our relations to strategic partnership level. It comesat a particular time, in light of the swift transformation, opening up andeconomic diversification that Saudi Arabia has resolutely begun. For France,this will be an opportunity to show our support for Saudi Vision 2030, and twogreat projects, and the international events Riyadh will be hosting, thanks tothe expertise we acquired during the 2024 Paris Games, and in terms of thecultural and tourism ambition the Kingdom is showing.

I will also be visiting AlUla, which is the jewel of our culturalcooperation. This visit also comes at a critical time on the internationalstage, as crises multiply, including in Saudi Arabia’s neighbourhood, and asuncertainty weighs heavily on the international system. It will therefore be anopportunity to take initiatives together to foster peace, security andinternational prosperity. Our two countries have a major role in this respectand can also strengthen ties between this part of the world and Europe, in thespirit of the ambition shown by the recent EU-Gulf Cooperation Council Summit.

Saudi Arabia has an important role in the region. What are yourexpectations for its involvement in Lebanon and the region? If there is aceasefire, what role do you think you and Saudi Arabia can play in Lebanon andGaza?

Strengthening our political dialogue is one of our goals. France andSaudi Arabia share the same commitment to regional security and stability and awill to work together to find lasting political solutions to crises. That willbe the heart of our discussions with the Crown Prince. Our efforts to achieve ade-escalation in regional conflicts are very largely aligned, particularly inLebanon, Gaza, Yemen and Sudan.

We and Saudi Arabia are both convinced that a ceasefire is needed inGaza that enables the liberation of the hostages, including our two nationals,and of course protects the people of Gaza who are in an unacceptable situationof distress, while allowing mass humanitarian aid to be delivered. We have beencalling for this ceasefire since November, and we have been waiting too long.It must come now, it must be permanent, and it must re-open the prospect of animplementation of the two-state solution. I welcome the work by Saudi Arabiaand its Arab partners to define an Arab vision for peace, updating the ArabPeace Initiative of 2002 and sketching out a pathway out of the crisis. Acredible framework needs to be worked on jointly to enable the building of aPalestinian State and guarantee Israel’s security. The United Nations SecurityCouncil and everyone who has a role to play must shoulder theirresponsibilities.

We will not stop calling for the ceasefire in Lebanon to be respectedfor the long haul. It is essential for the parties – and this goes for bothHizbullah and Israel – to fulfil all their obligations. The internationalcommunity must continue its efforts to support the Lebanese Armed Forces whichare a keystone of this agreement and of the restoration of Lebanon’ssovereignty, in line with the conference we held in Paris on 24 October thisyear.

Saudi Arabia contributes to Lebanon’s stability and has a role to playin bringing an end to the political crisis. At this crucial time for Lebanon’sfuture, it is important for us to discuss support to the Lebanese Armed Forcesand the reconstruction of the country with the Crown Prince, as well as thepolitical prospects opened up by the 9 January session of the Lebanese Chamber,in the hope that the President the country so dearly needs is elected. AllLebanese actors must contribute to the solution. Hizbullah must facilitateconsensus and foster Lebanese unity.

When will France recognize the Palestinian State?

It is currently urgent to preserve the two-state solution and theviability of a Palestinian State in the context of increasedsettlement-building, the measures taken against UNRWA and growingpro-annexation discourse. It is absolutely necessary to offer the Palestiniansreal hope of a better life in an independent State and thus cut short anysource of legitimacy for Hamas, which has nothing to offer but violence anddestruction. The two peoples, the Israelis and the Palestinians, must beoffered a response to their legitimate aspirations, otherwise the region cannothope for lasting stability.

The recognition of the Palestinian State must contribute to speeding upthe two-state solution, and France is ready. In that spirit, we supportedPalestine’s accession to the United Nations as a fully-fledged member. We havevoted for all UN General Assembly resolutions in this regard. For it to happen,recognition must take place in a context that enables a lasting end to thecrisis. Alongside Saudi Arabia, we will co-chair a conference to give renewedpolitical momentum to the two-state solution and will work on this in Paris.

Will resuming dialogue with Bashar enable the return of Syrian refugeesin Lebanon to Syria and control of the Syria-Lebanon border to prevent Iranrearming Hizbullah?

It is important to keep in mind that the last days’ events have clearlyshown that Syria’s future needs far more than normalization with Basharal-Assad. The Syrian people need unity and hope. Dialogue with the regime isnot an end in itself. The fighting in recent months has pushed many refugees,along with a million displaced Lebanese people, onto the roads towards Syria,but the question remains fully open. The Syrian regime must offer anenvironment that enables the safe return of Syrians to their country, in goodconditions. I have discussed this recently with my European and Arabcounterparts. The UN High Commissioner for Refugees is talking about it withthe Syrian regime, which must provide answers. Bashar al-Assad cannot be Iran’sagent undermining Israel’s security and Lebanon’s stability.

What role will France play during this ceasefire? Do you think displacedpersons will be able to return to the bombarded southern villages? What rolecan Saudi Arabia play in the implementation of this ceasefire?

France has always stood with Lebanon and the Lebanese people and doesso, once again, at this critical moment. The ceasefire agreement follows monthsof joint diplomatic efforts with the United States, and France is contributingto the monitoring mechanism. On 24 October, we laid the groundwork for itsimplementation by holding a conference that raised €1 billion for Lebanon,including €800 million for displaced persons and €200 million for the LebaneseArmed Forces. This effort needs to continue, and France has already decided todeploy additional engineering and mine clearance assets to support the Lebaneseforces. I will send our Armed Forces and Foreign Ministers to Lebanon very soonto work on all these points. Lebanon’s reconstruction will of course be anotherof our priorities and will require a sustained international effort. Do youthink you can continue talking to Netanyahu despite France’s recognition of theICC’s decisions? Could France’s independent judiciary itself execute the arrestwarrant?

We have always supported international justice. France will fulfil itsobligations under international law, in this case and all others. Thejudiciary’s decisions are totally independent.

France talks to everyone and that is what enables it to play a role inthe region. We must be clear-sighted: the region’s crises cannot be resolvedwithout dialogue with the Israeli authorities.

What are your expectations now of the Chamber for the election of aLebanese President? Do you think an election could be held during theceasefire? Is Jean-Yves Le Drian going to work with the Lebanese?

The process needs speeding up now that the ceasefire is in place. Itherefore asked Jean-Yves Le Drian to visit Lebanon as soon as it wasconcluded. I welcome the announcement by the President of the Chamber toorganize a session of the Parliament on 9 January: it is important for it to beconclusive and enable Lebanon to break free of its institutional crisis. Nowmore than ever, Lebanon needs a President capable of conducting a nationaldialogue addressing the interests of all Lebanese people; and it needs agovernment and reforms to restore the confidence of international partners tocontribute to the country’s reconstruction and stabilization.